La véranda
Il fallait la bonne lumière
et c’était à cet endroit qu’elle était la meilleure
pour bien voir et du coup pour bien faire,
pour nous aider à accomplir cette manie, rituelle.
La véranda devenait terrain de négociations,
une place de marché, et ta peau, l’objet tant convoité.
On avait faim de percer ce point, à nos fins,
plaisir presque animal, de te déparasiter.
Le jeu était fair-play, chacune notre tour, alliées.
Il fallait tout faire péter, tout faire jaillir.
Ce qui nous rendait propriétaire de ton corps
faisait grandir en nous un sentiment de chef-guerrier.
On comptait tes points, notre pétrole à nous.
Le soleil cognait sur la vitre, il faisait lourd.
Ta peau à rides ressemblait maintenant à un désert asséché,
un champ de bataille où des bombes auraient explosées.
Un moment de repos et soudain,
et je pouvais voir sur ton visage que ta soif n’était pas rassasiée.
À la manière que tu avais de scruter le mien dans les moindres détails, je savais que c’était mon tour.
On allait négocier le prix de ma peau.